Louve, qui es-tu ?
A l’aune de la crise sanitaire actuelle, l’alimentation est au centre des préoccupations. Des milliers de volontaires sont prêts à sortir du confinement pour aider les agriculteurs, le recours aux circuits courts est en forte croissance et la résilience alimentaire est devenue une priorité. Dans ce contexte, les supermarchés coopératifs permettent de réinventer notre rapport à l’alimentation, à l’agriculture et au vivre ensemble. Bienvenue dans la première partie d’une saga en 4 épisodes qui va nous faire rentrer dans l’univers concret des supermarchés coopératifs.
La louve est le premier supermarché coopératif et participatif à Paris, à but non lucratif et géré par ses membres. On y fait ses courses, mais surtout, on crée du lien social, on repense sa façon de consommer, et finalement, on participe au projet d’une société différente.
Comment entrer dans la meute ?
Pour y faire ses courses, il faut en être membre. Pour devenir membre, ça commence par l’immanquable réunion d’accueil. Une fois convaincu.e de vouloir être coopérateur.trice, il faut acquérir au minimum 10 parts de la coopérative, soit 100€, remboursables en cas de départ de la coopérative. Il y a la possibilité de devenir coop en achetant une seule part, soit 10€ sous condition de ressource (minima sociaux tel le RSA, étudiant.e.s boursier.e.s, service civique…). Cette somme te donne, notamment, une voix à l’assemblée générale pour décider des orientations stratégiques de la Louve.
La coopération ne s’arrête pas là. Elle implique une participation active à la vie de la Louve, à raison de 3h par mois. En s’inscrivant sur des créneaux qui lui conviennent, le louveteau participe à l’ensemble des tâches qui font tourner le supermarché : encaissement, mise en rayon, gestion des stock, étiquetage, accueil des nouveaux coopérateurs, ménages, réception des livraisons et autres travaux en tout genre. Les créneaux s’enchaînent du matin au soir tous les jours de la semaine, avec flexibilité ou récurrence en fonction des besoins de chacun.e. C’est aussi l’occasion d’en profiter pour faire ses courses, avant ou après. Une dizaine de salarié.e.s à plein temps encadrent tout ce fonctionnement et font tourner la machine.
Et qu’est-ce que ça implique ? Des comportements individuels et collectifs différents : le jour où il y a de l’attente à la caisse, tu te souviens d’avoir été à cette place le mois dernier et tu prends les minutes d’attente supplémentaires avec philosophie. Le jour où tu fais courses, à l’image de la place du marché de nos ancêtres, tu retrouves ton équipe, tes client.e.s préféré.e.s et les habitant.e.s de ton quartier. Cela implique aussi une réelle diversité, ceux et celles engagé.e.s dans le projet, ceux et celles qui viennent faire leurs courses près de chez elleux…
Tout le monde y a sa place, et chacun.e y a sa voix. Sauf les promotions et les musiques commerciales. La gamme de produits est la plus large possible et évolue en fonction des demandes de membres. On y trouve des produits bio, locaux et de saison, mais tout aussi bien des produits industriels, exotiques et hors saison. Le taux de marge est fixe et transparent sur tous les produits. Ça veut dire que certains produits sont plus chers que dans un supermarché classique (où ce sont des produits d’appel à faible taux de marge), et d’autres moins chers, notamment les fruits et légumes bios. Tous les fruits et légumes sont bio à La Louve car, avec ce taux de marge fixe, ils sont bien moins chers que dans un supermarché classique. Au global, le panier moyen est plus bas et le prix est plus juste.
L’imperfection a sa place elle aussi. Elle est assumée et mise en rayon : les erreurs de livraison d’un côté, les invendus de l’autre, ils sont tous disponibles à la vente. A l’entrée, un grand panneau indique les produits bientôt périmés pour qu’ils trouvent preneurs avant la date d’expiration. Et si ça n’est pas le cas, les produits qui atteignent la DLC, comme ceux qui sont abîmés, sont récupérés par une association qui les cuisine et distribue ce qu’elle a cuisiné aux sans-abri lors de maraudes. On acceptera aussi les pénuries de produits, notamment sur la viande rouge et le fromage, car c’est la conséquence d’une gestion raisonnée des stocks.
En terme d’approvisionnement, plutôt que chaque petit producteur livre ses pommes, ses patates, ses endives avec un camion différent à chaque fois, La Louve préfère faire appel à des grossistes afin de mutualiser le flux logistique. Pas de mutualisation des achats avec d’autres supermarchés coopératif par contre. L’un des intérêts principaux : faire baisser les prix, serait en effet contraire à l’idéologie du concept.
Il n’y aura d’ailleurs pas de Louve 2. Pourquoi ? Parce qu’ils se sont implantés dans un quartier, dans un contexte, sur une très grande surface, difficile à trouver ailleurs. Le projet de la Louve existe dans le 18e et a vocation à continuer de se développer sur place.
Article également rédigé de manière coopérative par les Associés des promotions d’avril et d’octobre 2019 : Alice, Audrey, Eliott, Marie, Olivier. Pour lire le second épisode, c’est par ici !