Telecoop, quand les abonné·es s’approprient la sobriété numérique
Telecoop, 1ᵉʳ opérateur télécom coopératif en France, met l’intérêt général avant le profit et contribue à la transition écologique par l’accompagnement vers la sobriété numérique. Mais saviez-vous que ses co-fondateur·ices, Marion Graeffly et Pierre Paquot, se sont rencontrés au sein du Programme Associé d’On Purpose ? Pierre nous raconte.
Changer nos habitudes numériques, pour le plus grand bien
“Telecoop est engagé dans l’intérêt de ses abonné·es, de ses salariés, de ses bénévoles et de ses partenaires et n’a pas d’actionnaires comme c’est le cas pour les autres opérateurs télécom. Le modèle économique de Telecoop permet de dédier 10% du chiffre d’affaires vers des actions concrètes d’accompagnement, et de sensibilisation à la réappropriation des enjeux sociaux et impacts environnementaux de nos pratiques numériques.
Concrètement, on accélère la prise de conscience de nos besoins réels de données mobiles et du temps d’écran associé plutôt que de considérer le numérique comme une ressource illimité.
Chez Telecoop, on ne va pas dans le sens de la surconsommation numérique, mais au contraire, on pousse des solutions low tech : réparation et entraide circulaire pour allonger la durée de vie de nos smartphones et lutter contre l’obsolescence programmée matérielle et logicielle.
Par exemple, un des forfaits que nous proposons inclut le remboursement de 30 euros dans le cas d’une éventuelle réparation. Le but, c'est de changer le système, de donner les clés à nos abonné·es de devenir acteurs de la transformation de leurs comportements.
Nos abonné·es en témoignent : l’accompagnement de Telecoop leur a fait prendre conscience qu’ils pouvaient être plus épanouis en se réappropriant l’usage de leur smartphone. On prend soin de soi tout en participant à une cause écologique, en s’intéressant à la manière dont nos appareils fonctionnent et comment on les répare. Au final, c’est un acte citoyen. “
La coopérative comme véhicule de partage de la valeur
“On promeut donc des solutions qui peuvent sembler à contre-courant dans le système économique actuel linéaire. Les géants de la télécom comptent sur la vente de téléphones neufs pour continuer de croître, alors que 80% de notre impact écologique provient de la fabrication des terminaux de smartphone.
Telecoop se protège de ces biais systémiques car nous ne vendons pas de téléphones et nous n’avons pas d’actionnaires à rémunérer. C’est pour cela que, au lieu de pousser à l’achat, nous pouvons à la place encourager une logique des 5R : refuser, réduire, réutiliser, recycler et rendre à la terre.
Ce choix fait sens dans notre modèle : nous sommes une société de personnes et non de capitaux. Nous l’avons volontairement organisée comme véhicule de partage de la valeur, dont les abonné·es, salarié·es et partenaires sont des acteur·rices direct·es. La particularité de notre organisation est aussi le partage du pouvoir. Cela détonne avec le fonctionnement habituel des acteurs du télécom et du numérique, où il y a un problème de choix et d’appropriation vis-à-vis d’outils et d’usage qui sont imposés sans débat, ni concertation. Ces outils ont beaucoup d’avantages certes, mais engendrent une domination hégémonique des GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft).
Ce modèle coopératif, je l’ai découvert et expérimenté quand j’ai fait le Programme Associé d’On Purpose en 2017-2018. J’ai fait mon second placement chez Enercoop, un réseau de coopératives au service de la transition énergétique citoyenne et locale. J’y ai appris plusieurs choses précieuses pour la conception de Telecoop.
D’abord, que l’on pouvait se faire une place en tant qu’entreprise, même sur un marché ultra-concurrentiel, en définissant un socle de valeur et de transparence supérieur à celui du marché. Nous sommes nombreux à exiger une réelle transparence de la part des entreprises. Donc, c’est possible de faire partie du système contre lequel pourtant on lutte ! La particularité, c’est que là-dedans on va venir ajouter des modes de fonctionnement à contre-courant (prendre en compte la finitude des ressources, le bien-être des collaborateur·ices, le besoin de partage de la valeur et du pouvoir), en plus d’être sur le même niveau économique.
J’ai aussi découvert que l’organisation coopérative donnait du pouvoir aux citoyens et aux consommateurs, mais sans les abandonner seuls à leur responsabilité : l’entreprise coopérative prend ses responsabilités politiques et économiques. C’était l’équation que j’avais du mal à résoudre avant On Purpose : on ne peut pas faire reposer le changement sur les gens seuls. Nous avons tous un rôle à jouer à l’échelle individuelle certes, mais les acteurs économiques ont une responsabilité encore plus forte — et une puissance d’impact — énorme aussi.
Et enfin, pendant mon placement chez Enercoop, j’ai aussi pu rencontrer d'autres acteur·ices-clés aujourd’hui réuni·es dans le collectif des Licoornes. Il s’agit d’une alliance de coopératives d’intérêt collectif regroupées pour faciliter le choix des citoyen·nes en faveur du système économique coopératif, et qui continue de grandir !”
Telecoop, une histoire de rencontres au sein du Programme Associé
“Pendant le Programme Associé, j’ai rencontré Marion Graeffly, co-fondatrice de TeleCoop. Nous étions dans la même promotion, et cette année a créé des liens très forts, tant au niveau personnel que professionnel. On a passé suffisamment de temps ensemble pour identifier nos complémentarités, forces et façons de travailler ensemble. Le Programme favorise cette capacité à se projeter ensemble pour créer un collectif qui se renforce des différences.
C'était assez clair que Marion et moi avions une synergie, comme dirait JCVD, travailler ensemble faisait “1+1=3”. Le Programme a permis de creuser les particularités de cette collaboration, mais surtout de l'éprouver. Quand on crée une entreprise avec des associé·es, on ne se rend parfois pas suffisamment compte de l'importance de cela. Nous, on était confiant·es : on avait une vision commune et des manières de travailler compatibles, déjà mises à l’épreuve !
Aujourd’hui, nous gardons un lien avec la communauté On Purpose. Lorsque nous avons des postes qui s’ouvrent et qui nécessitent des compétences transverses pour réaliser des missions de 6 mois avec un fort effet d’accélération, on pense tout de suite aux Associé·es On Purpose !
Nous en avons déjà accueilli deux : le premier pour structurer une nouvelle offre à destination des professionnel·les, le second pour une mission de mise en place de nos points de contrôle qualité et de l’amélioration continue des process. Ces missions incluent aussi des aspects de direction type bras droit, il nous fallait donc des profils polyvalents et capable de prendre en main des sujets variés et complexes.
Sur des ouvertures de postes en CDI, on a aussi eu la chance d’avoir des candidatures de Fellows. Être passé par On Purpose est clairement un point fort sur le CV. Le Programme garantit une capacité à la remise en question, une connaissance solide des problématiques de l’ESS, ainsi qu’une forte capacité d'adaptation dans des contextes où l’on relève des défis chaque jour.
On compte aussi sur la communauté On Purpose en tant qu’opérateur télécom pour porter, à leur échelle, le changement de nos pratiques numériques. Il est possible de proposer des alternatives concrètes, même dans ce système économique. Et la meilleure façon de donner de la profondeur à cette action c’est… de s’abonner et de rejoindre Telecoop ! Plus nous serons nombreux et plus notre vision du numérique et des télécoms sera représentée”.