Simon, une ré–appropriation de la réussite
Quelle était ta vie d’avant ?
Je viens d’un petit village à côté de Cholet où faire un bac général, n’est pas la norme. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours poussé à travailler à l’école.
Pour eux, l’objectif était d’être à l’abri du chômage et le chemin pour y parvenir passait par les études. Cela m’a fortement conditionné dans mes choix de jeune adulte.
J’ai pu intégrer Sciences Po Rennes puis faire un Master 2 en école de commerce. Je crois que je ne le conscientisais pas vraiment à l’époque, mais j’avais cette volonté de travailler dans une grande entreprise et de gagner de l’argent. C’était deux critères visibles de réussite dans mon modèle familial.
A la sortie de mes études, j’ai donc rejoint un grand groupe français du CAC40. J’ai travaillé pendant plus de trois ans dans la stratégie au siège international. J’ai adoré mon job — au départ en tout cas. J’avais des collègues géniaux, un boss très compétent et une bonne ambiance de travail. De plus, tous les critères de la réussite que j’avais à l’époque étaient réunis ! A 25 ans, je gagnais plus que le salaire de mes deux parents réunis. A ce moment-là, je pensais avoir réussi ma vie. Mais ma vision a évolué.
L’élément déclencheur ?
Mon travail était très politique. En stratégie, on parle du futur. Seulement, parce qu’il n’existe pas encore, on peut dire ou faire dire ce que l’on veut du futur. Personnellement, je m’efforçais de baser mes projections sur des faits, en faisant des calculs. J’arrivais donc à la direction avec mes rapports presque mathématiques, en tout cas construit de manière impartiale. On m’expliquait alors qu’il fallait revoir les chiffres, car ils n’étaient pas assez ambitieux. Ainsi, je devais continuer à travailler sur un modèle “mathématique” avec des hypothèses non crédibles, car exagérées.. C’est là que mon job a commencé à perdre son sens : je voulais faire mon travail de manière rationnelle, et je me retrouvais tributaire d’une politique que je ne maîtrisais pas.
Une autre chose m’a surpris. J’ai pu prendre part à des comités où l’on décidait de vendre des usines en fin d’année, alors qu’elles étaient extrêmement rentables, afin d’avoir une marge en progression pour satisfaire les actionnaires
In fine, j’ai compris que le court-terme prévalait toujours sur les considérations de long-terme, et que la valeur de l’action comptait plus que le bien-être de l’entreprise. Ce n’était pas le système dans lequel je me voyais évoluer.
Ma démission
Ma décision n’a pas été facile à prendre. j’ai fait un tableau qui recensait les raisons pour lesquelles je devais démissionner ou pas. Il m’est apparu clair qu’il fallait que je parte, même si je n’avais pas encore de plan clair pour l’après-démission. Les trois mois de préavis qui ont suivi ont été très intenses, j’ai beaucoup réfléchi et j’ai rencontré plein de gens.
On m’a parlé du Programme Associé d’On Purpose, j’ai postulé et j’ai été retenu. Il correspondait exactement à ce que je recherchais : mettre un pied dans l’écosystème de l’ESS que je ne connaissais pas, faire deux jobs que je n’avais jamais faits avant, et travailler dans des structures qui étaient totalement différentes de mes expériences passées.
J’ai adoré ce programme. J’ai fait exactement ce que je voulais : une mission dans une association, une autre dans une entreprise sociale. Ça m’a permis de prendre du recul et de mieux me connaître. Je me suis rendu compte par exemple que j’aimais bien le monde de l’entreprise. Avoir des challenges et davantage de pression dans mon quotidien me correspond bien. J’ai aussi compris que j’aimais mieux les petites structures où l’on peut être polyvalent, où il y a moins de process.
Les rencontres que j’ai faites durant cette année m’ont permis d’évoluer sur le plan personnel également. J’ai davantage conscience de l’enjeu et de l’urgence écologique, par exemple En ayant une vision plus claire de l’écosystème de l’ESS, j’ai pu identifier les problématiques qui me tenaient plus à cœur. Je me suis engagé dans l’associatif, plus spécifiquement pour l’égalité des chances, un thème qui m’est cher.
Et maintenant ?
Maintenant, je me sens beaucoup plus aligné. Pour revenir à ce que me disaient mes parents, je me suis rendu compte, grâce à On Purpose et à ce changement de vie, que réussir sa vie n’est pas seulement travailler et être un bon élève. Réussir sa vie, c’est global. Le travail n’est qu’un élément.
J’ai été embauché dans la start up dans laquelle j’ai effectué ma deuxième mission. Mon job est très opérationnel et très concret, et j’ai l’impression d’être utile.
Aujourd’hui à 29 ans je sais qui je suis, je sais ce que je veux, et je suis beaucoup mieux dans mes baskets ! Je peux travailler toute la journée sur des causes dont la finalité correspond à mes aspirations personnelles. Le soir, quand je parle de mon boulot, j’en suis fier et ça me fait du bien. C’est ça, ma nouvelle définition de la réussite.
Propos de Simon recueillis par Florian D'Inca
Cet article a été initialement rédigé pour Fuyons la Défense, média et job board pour trouver un travail qui a du sens. Fuyons la Défense est partenaire d’On Purpose.